« Alien-Nation, mécanique de parole pour la scène ». Je l’ai écrit très vite en 2006, en état d’urgence et de siège, après avoir « visité » un hôpital psychiatrique à Constantine en Algérie. A l’origine il y a surtout un rythme, celui de la parole de certains aliénés, une parole enfermée, bruyante, et que la société s'acharne à rendre silencieuse.

À côté de moi sur ma chaise d’écriture l’autre s’est encore installé, co-auteur du texte. Je l’ai accueilli et chassé, selon. Il est sorti pour enjamber mes clôtures, celles du monde « libre » et fou qui nous entoure et nous prend dans ses menaces. J’ai ici recherché pour l’auditeur-spectateur l’impression d’un premier jet semblable aux jaillissements et aux délires parfois cruellement lucides de la parole schizophrène. Un vrai travail de dingue qui ne s’achève que sur la scène, où je dois assumer seul le danger qu’il inflige. Il n’y a rien à jouer, juste à acter le texte, être la langue qui désigne l’étranger pour cont®er son effacement.